to David Lynch

No Hay Banda

Je sens l’onde de la bombe. David craque sa dernière allumette, les clefs du rêve se dispersent en silence et l’ombre s’impose, comme à la fin du spectacle ou au début.
À sa sortie, un voile se dissout. Ici-bas l’au-delà a glissé, le doute passe sur la frontière, pour qu’apparaisse le corps de l’oeuvre-monde, de soie et de suie, où se croisent les cris des sommets constellés. Ici s’embrase un réseau de visions, semblables aux trésors indistincts de l’outre-monde que la marée laisse miroiter sur le rivage quand elle se retire. Je suis sur le vif un fragment parmi les fragments, les pas joueurs d’Audrey, la grimace de Diane, le sortilège de Camilla, la pâleur vive de Dorothy, le mystère exquis de Josie.
Le dernier souffle du créateur n’en finit pas et le rideau reste entrouvert là où tu le soulèves. Ou peut-être est-ce de la musique dans l’air.
David Lynch touche au trouble sur la frontière. Le trésor lové dans le doute, entre coulisses et fiction, entre éveil et fantasme, entre le monde que nous croyons connaître, celui qui nous déguise et celui que l’on cache.

Feu sacré et feu d’enfer sont-ils éternellement les mêmes ?

song of the siren
Credit: Song to the Siren 06, © Irina Breitenstein, 2025